« Je suis un bonhomme de neige en train de fondre. »
« Je ne sais pas très bien si je rêve ou si je me souviens, si j’ai vécu ma vie ou si je l’ai rêvée. Le souvenir, autant que le rêve, me fait profondément ressentir l’irréalité, l’évanescence du monde, image fugitive dans l’eau mouvante, fumée colorée. Comment tout ce qui tient dans des contours fermes peut-il s’éteindre ? La réalité est infiniment fragile, précaire, tout ce que j’avais vécu durement se fait triste et doux. Je veux retenir tout ce que rien ne peut retenir. Les fantômes. Je suis un bonhomme de neige en train de fondre. Je glisse, je ne puis me retenir, je me sépare de moi-même. Je suis de plus en plus loin, une silhouette et puis un point noir. »
Présent passé, passé présent, p. 210/211