Le 6 mai 1972, Eugène Ionescos s'exprime dans « Le Figaro littéraire » sous l'impression des attentats contre l'équipe olympique israélienne. Il était profondément bouleversé et déprimé par l’humanisme sur terre.
Si je ne l'avais pas vu, aujourd'hui, sur une photo dans un grand journal, je ne l'aurais pas cru. Un rhinocéros vert a été aperçu à Berlin en train de serrer la main du représentant de l'un des régimes les plus oppressifs de la planète. Derrière la peau encore fine du rhinocéros, il me semble reconnaître celui qui nous a mis en garde contre le rhinocéros brun pour une bonne raison, dont on dit qu'il travaille pour tant de bien et contre tant de mal. Maintenant, je suis très confus.
Guy de Maupassant, le grand conteur français du XIXe siècle, a consacré ses nombreux contes et romans à l'âme humaine. Il les observait au quotidien et aussi dans des situations particulières de la vie. Ce qu'il a vu l'a rendu pessimiste, son travail considérable ne laisse aucun doute à ce sujet. Dans cet ouvrage, au milieu de descriptions poétiques de la beauté de la nature, on plonge régulièrement dans les abîmes de l'âme humaine.
En décembre 1993, Eugène Ionesco est certain de sa mort imminente. Mais il n'avait encore rencontré personne qui pouvait lui expliquer le monde. Les questions et les angoisses le tourmentaient toujours. C'est pourquoi il n'a pas abandonné la recherche de Dieu et a décidé tard dans sa vie de demander des réponses au pape Jean-Paul II. Parmi les questions qu'il a posées à « Votre Sainteté », il y avait si le vieillissement soit la volonté de Dieu, pourquoi les guerres si sanglantes et pourquoi les catastrophes naturelles.
Il ne pouvait jamais être exclu qu'un jour une figure odieuse et lâche comme l'innommable peintre de cartes postales de Braunau ait une fois de plus violé les droits internationaux et humains d'une manière presque inimaginable aujourd'hui. Si l'histoire nous enseigne deux choses, c'est qu'il y a du bien et du mal en chacun et que notre mission de toute une vie devrait être de contrôler notre côté sombre et brut et d'utiliser nos bonnes qualités pour essayer de faire du monde un endroit meilleur. Maintenant, cela s'est reproduit, avec des parallèles frappants avec la période la plus sombre que l'Allemagne ait jamais connue.